En Charente‑Maritime, plusieurs bassines d’irrigation — les fameuses “mégabassines” — ont été la cible de vandalisme dans la nuit précédant le reportage. Un collectif d’activistes s’en est pris à quatre installations, dénonçant la loi Duplomb favorable à leur construction. Le 8 juillet 2025, une équipe du 20 Heures de France 2 se rend sur place pour couvrir les tensions entre agriculteurs et opposants.

Journalistes pris à partie : un climat explosif

Pendant l’interview d’un exploitant local dénonçant les dégâts causés au cutter sur la bâche d’une mégabassine, la situation dégénère. Des agriculteurs émergent des rangs, vociférant. “Je vais virer votre truc, vous allez dégager !” lance l’un d’eux. La journaliste en plateau précise : “Nous devons quitter les lieux.” On entend encore : “Allez fous-moi le camp, nom de Dieu !”

Enquête en cours et plainte déposée

Ce mercredi 9 juillet, la journaliste Anne Guillé-Épée a déposé plainte pour menaces, citant quatre agriculteurs menaçants armés de verbe virulent, haletants et bousculant le personnel. Elle explique à l’AFP avoir vu son genou touché par la caméra, craignant une escalade physique.

Réactions de l'équipe et du SNJ

Hugo Plagnard, rédacteur en chef du 20 Heures, a exprimé son soutien sur X. Le Syndicat national des journalistes a dénoncé “une grave entrave à la liberté d’informer”, soulignant que ce type d’agression visait directement la démocratie.

La version des agriculteurs : provocation ou violence ?

Jean‑Philippe Rousseau, l’un des mis en cause, conteste toute agressivité physique : “On a juste parlé fort… pas de coups.” Il défend l’idée que l’équipe s’est invitée sur un terrain privé après des actions revendiquées, et qu’ils se sont sentis provoqués.

Tableau récapitulatif : chronologie des faits

Un sujet brûlant : écologie, agronomie et politique

La controverse autour des mégabassines reflète un débat plus large : aménagement agricole versus préservation environnementale. Les agriculteurs défendent un outil vital pour irriguer en période de sécheresse. Les opposants dénoncent quant à eux l'impact écologique et la concentration des ressources en eau.

Un tournage entravé : atteinte à la liberté d’information

Entraver un tournage, c’est limiter l’accès à l’information. Un signal inquiétant, alors que la profession se mobilise face à un climat de plus en plus hostile envers la presse de terrain. Le SNJ appelle à des mesures protectrices pour les journalistes en zones de conflit social.

France 2 réagi : solidarité et prudence

France 2 s’est dite préoccupée, tout en saluant le professionnalisme de ses équipes, qui ont opéré avec retenue et sang-froid. La chaîne exprime son soutien sans faille aux journalistes confrontés à de telles agressions sur le terrain.

Vers un encadrement renforcé des tournages sensibles ?

Plusieurs voix évoquent la nécessité d’un cadre légal plus protecteur. La question est posée : faut-il accompagner les reportages délicats (mégabassines, manifestations, conflits ruraux) par un encadrement sécuritaire pour garantir l’espace démocratique de la parole ?

Une situation emblématique

Ce cas de violence verbale à l’encontre d’une équipe de France 2 lors d’un reportage sur les mégabassines en Charente‑Maritime illustre les tensions entre liberté d’informer et conflits agricoles. L’enquête en cours et la plainte déposée représenteront un premier test judiciaire sur la frontière entre colère légitime et entrave à la presse.